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mémoires ordinaires

18 août 2008

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Nous pouvons vous fournir un dossier papier comprenant l'intégralité des textes et photographies ainsi que des renseignements complets sur le spectacle "Roger Barreau".

Merci de nous contacter au 06 77 47 85 22 ou par mail compagnie.chamboulive@gmail.com

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18 août 2008

TARIFS

18 août 2008

Textes: extraits

Mon plus beau souvenir c’est l’école, j’apprenais à lire, j’avais des camarades, ça allait.
Jusqu’à 12 ans, après je gardais les brebis, dans les bois.
Après j’ai travaillé la terre avec mes parents, bien sûr que j’aimais, on était bien obligé d’aimer.
A 17 ans, je me suis mariée. J’ai rencontré mon mari au bal, il avait 9 ans de plus. Il s’est mis à travailler la terre.
Mon mari est resté 5 ans en Allemagne, prisonnier. On a eu un enfant après la guerre.

Y’avait à faire, j’étais pas malheureuse.
Je me plaisais bien chez moi.
Je faisais ce que je pouvais, je laissais le reste.

Rien me fait plaisir ici, faut bien rester quelque part.

J’aime pas la télé, j’ai jamais aimé.
J’aime lire, je lis ce qu’il y a.


Mon plus beau souvenir c’est quand vous avez vos petits enfants qui arrivent, on est content, on vit pour eux.

J’ai eu une vie ordinaire, normale.

On travaillait la terre à St Jal, c’était une belle vie parce qu’on avait nos enfants à Victor Hugo, ils apprenaient bien.
Après ils sont allés à l’Ecole Normale, c’était gratuit pour nous, ça avait arrangé.
J’ai essayé de leur faire avoir un peu de travail , je sui heureuse qu’ils aient une bonne situation.
J’ai six petits enfants et une arrière petite fille.
Les enfants, c’est beau hein, c’est le but de la vie.

Mon mari, on était dans la même commune, c’était les bals. On s’est marié en 44.
On s’est rencontré, ça s’fait si ça doit s’faire, j’ai l’impression.
On se rencontre, ça fait des groupes, après ça fait des couples, après ça fait des enfants.
Si ça doit s’faire pardi et puis voilà.

Ici, ça commence à devenir long.





Sans doute que je finirai là mes jours. Je suis toute seule, je suis pas mal.

J’aime bien lire, j’ai pas lu de grandes œuvres, les gars de l’Ecole de Brive.

Quand j’étais fermière, j’aidais mon mari. J’aimais bien les bêtes.

Quand Dieu m’appellera, j’irai.

Je paye la pension et puis on me sert.

La vie c’est la mort.

J’aime pas les photos de moi, je me trouve pas belle. Il me semble que je suis inférieure, que je suis pas comme les autres.

Je sais pas pourquoi je me suis mariée d’ailleurs, on s’est connu, on s’est marié, c’était un enfant naturel lui.

Nous sommes toutes un peu déprimées ici, enfin c’est mon avis à moi.
Ils voulaient pas que je reste toute seule.
Je sais pas ce que mon chien est devenu.
Ils m’ont amenée ici et puis voilà.
Je connais tout le monde, je les connaissais d’avant.

Je suis croyante même si je pratique pas. On doit tous renaître un jour, enfin moi, je voudrais pas renaître.

J’ai pas vraiment été malheureuse, j’ai toujours commandé rien du tout, j’ai toujours été aux ordres de mon mari.
Je suis pas coquette moi.

Je sais pas bien ce que feront les petits enfants, ça se passera sûrement mieux que je ne le pense.

Tous les matins quand je me réveille, je me dis je vis encore.




Quand j’étais jeune (j’ai 85 ans et demi) je faisais du tricot peut-être, je tricotais un peu.
J’ai pas travaillé jamais.
Je me suis bien mariée parce que j’ai eu une fille, elle est pas venue toute seule !
Je suis Egletonnaise pur sang.
Vous savez, il y a 85 ans et demi, je m’en souviens pas.
J’avais bien une mère sans doute, je suis pas venue toute seule !
Mon mariage c’était un mariage comme tout le monde avec un homme.

Je m’en souviens pas, ah si, ça revient.

Elle est venue au monde, j’étais bien contente parce que c’était une fille, très bien.

Je suis pas difficile à nourrir, je suis une bonne bête.

J’ai 85 ans et demi quand même alors je me souviens pas de tout.

J’aime bien regarder les photos, j’aime bien les regarder surtout parce que c’est beau et puis c’est tout.

J’étais à Egletons avant, j’avais personne pour me garder alors il a fallu que je vienne ici.

J’aime pas bien « Champion », je les aime bien mais enfin je cours pas après.

On est très bien nourri et on dort bien ici, y’a pas de bruit.




Je suis pas moderne hein, la mémé de 9O ans, elle est pas moderne !

Quand j’étais bébé, on m’avait donnée,  j’étais à l’assistance publique et on m’avait abandonnée par la personne qui m’avait mise au monde.
Quand j’étais jeune fille, je sentais en moi que j’étais pas comme tout le monde, surtout à l’école.
A trois mois, y’a une personne un peu âgée qui est venue me chercher et qui recevait de l’argent pour me garder jusqu’à l’âge de 12 ans.
A 12 ans, on était retiré de la personne qui nous élevait et on était placé mais la personne elle m’a gardée un an de plus sans être payée parce qu’à l’école, la maîtresse elle a dit « oh, Emilie, quand même c’est dommage de la retirer, elle est douée, on pourrait peut-être la faire aller au certificat d’étude ».
Après, je suis allée me placer dans une ferme, j’étais malheureuse, j’ai pleuré, je suis revenue voir ma mère, ma mère, enfin, les autres enfants à l’école me disaient « C’est pas ta mère ». Moi je pleurais et elle, elle disait « Mais si, je suis ta mère ». On peut pas raconter, ça s’explique pas, faut le vivre.

Mon meilleur souvenir c’est quand je me suis appelée Mme Marcilloux, parce qu’alors à ce moment là, je me suis dit « Tu as un nom. ». Avant c’était Emilie Laronce : Emilie, ça me plaisait pas, toutes les autres : y’avait des Marguerite, des Louise, des Jeanne ou Yvette, un nom comme ça j’aurais aimé. Emilie, tu parles…
Là où j’étais contente c’est quand je me suis mariée et que j’ai eu le nom de mon mari.
J’ai dit « j’ai un nom ». Ca on le raconte mais faut le vivre, ça m’a beaucoup fait souffrir, on sait pas, on est…

J’étais très heureuse, il était bien mon mari mais j’ai pas été chanceuse parce que la guerre s’est déclarée et il a été 5 ans prisonnier.
Cinq ans que je mijotais, j’étais à la campagne avec ma belle-mère. J’avais un toit et elle me gardait mon petit.
Je me sentais marquée, ah oui. Il me semblait que j’étais pas comme tout le monde. Je me disais que je trouverais pas un garçon.
Je me suis mariée avant 21 ans.
Mon mari je l’ai rencontré dans les bals. Y’avait des foires alors la jeunesse on se retrouvait dans les bals, oh oui, c’était mieux que maintenant quand même. Je l’aimais bien, il me plaisait.


J’ai demandé à l’assistance et on m’a dit que je saurais jamais qui était ma maman, que j’étais abandonnée totalement, qu’on avait jamais demandé de mes nouvelles, alors, je suis peut-être la fille du pape, sait-on jamais ! Disons que c’est mystérieux pour moi.

J’ai beaucoup souffert de pas savoir mes origines et je ne le saurais pas.

J’aime beaucoup la compagnie, je suis pas sauvage, j’aime bien me trouver entre mes amis, moi j’aime tout le monde, j’ai toujours aimé tout le monde, y’en a qui ont de la haine mais pas moi, c’est mon caractère qui le veut peut-être mais aussi mon enfance qui l’a fait. C’est la souffrance quand on est enfant qui fait notre caractère, je pense c’est vrai.

A l’école, je me sentais entre le ciel et la terre.




Elise : il a passé un temps que j’aimais bien me faire photographier mais depuis que je suis handicapée, je déteste.
Mes parents étaient fermiers, ils étaient pas agriculteurs. On a eu le bon nez d’aller à la Rode, c’est là qu’on s’est connu. 500 mètres entre les deux maisons.
Jean Louis : elle avait quatorze ans.
Elise : oui, la première fois que tu es venu chez moi mais on se connaissait à douze ans.
A quatorze ans il m’a apporté un bouquet de fleurs pour mon anniversaire, c’est lui qui avait fait le bouquet de fleurs.
Jean Louis : je commençais à être amoureux. J’étais monté près de là…j’avais une garenne qu’on a acheté par la suite.
Elise : moi je me moquais des garçons. Moi ce qui m’intéressait : danser. Je dansais avec de copines…
Jean Louis : …et des copains. J’étais un peu jaloux.
Elise : ah bon, je savais pas ! J’ai jamais rien fait de ma vie mais j’étais bergère en étant jeune. En gardant les moutons, y’avait des copains qui venaient.
Jean Louis : une fois j’avais rendez vous avec elle et je l’ai surprise en train de garder les moutons avec un copain.
Elise : je donnais rendez vous à trois garçons comme ça j’étais sûre d’en avoir un ! Quand il est revenu du régiment, j’avais vingt ans, c’était le moment. Vingt ans c’était le maximum. J’ai dit quand même faut que je choisisse. Y’en avait un autre, les mouches l’ont tué à coups de pied.
Pour le mariage, j’avais une belle robe blanche. Après je l’ai faite couper et je l’ai faite teindre.
J’étais belle.
Il avait un costume bleu marine.
Jean Louis : je vais vous raconter quelque chose que je n’ai pas raconté depuis longtemps. L’histoire de Yvette.
Elise : il dit que moi, j’avais des copains mais lui, quand il revenait du régiment, il montait à Paris voir Yvette, cette remplaçante ! Il faisait le gandin.
Jean Louis : j’avais pris un billet pour partir d’Algérie en 47 et je suis monté à Paris sans que personne le sache.
Elise : je l’ai su qu’après qu’il allait voir cette fameuse Yvette ! De ces coups fumant !
On a au 5 enfants. J’ai pas de retraite, rien. Je regrette maintenant. Vous croyez qu’on pense à ça ?

Elise : j’ai été opérée de la tête deux fois, j’y suis restée un mois. Il m’a pas quittée d’une semelle.

Tant que je parlerais je serai vivante.

Ce que j’aime chez Jean Louis, c’est sa gentillesse. Y’en a plus des comme ça.
A l’époque, on partait beaucoup en vacances, j’aimais bien sa présence. Maintenant il conduit plus, on a vendu la voiture, ça me manque.
La Baule, Arcachon, St Jean de Luz…partout, c’est comme ça qu’on apprend sa géographie.

Jean Louis : ce que j’aime chez Elise ? Sa gentillesse.
J’aime bien être pris en photo quand y’a pas ma femme.
Intérieurement, ça a été…
D’un côté j’avais pas la possibilité de m’affirmer et de l’autre, je savais pas…
Vous êtes mal tombés aujourd’hui, les mots viennent pas…
J’étais…ma femme saurait bien le dire comment.
Je voulais me marier jeune alors la voir assise sur le tabouret en train de garder les moutons, elle m’a plu.
Ce qui m’a plu c’est que, elle avait trouvé chaussure à mon pied.
Je l’ai attendu quelques mois.

Ce qui m’énerve ? Son caractère. Il est bien mais ça m’énerve quand même.

Mon plus beau souvenir c’est quand on a eu des enfants, on en a eu assez.

Je ne regrette rien.


18 août 2008

Portraits de personnes âgées vivant en maison de

Portraits de personnes âgées vivant en maison de retraite et de personnes âgées vivant à domicile avec l’accompagnement des Instances gérontologiques


Parfois légèrement mis en scène pour tenter de les révéler davantage, ils sont photographiés dans leur espace quotidien, près des objets qui les entourent. Une petite pièce pour les uns, la maison encore pour les autres.
Exposés, ils forment un tout qui induit forcément une réalité.

Ce travail parle de l’identité des personnes, du fait de vieillir chez soi ou pas. Accompagné de textes, il met l’accent sur l’individualité de ces personnes. Marilyne Lagrafeuil, comédienne et initiatrice du projet via la Compagnie Chamboulive, s’est occupée de recueillir les paroles de ces personnes. Elle a par ses questions, révélé parfois : la part de rêve inachevé, la petite part de révolte, la part d’insouciance, la part de ce qu'est vieillir aujourd'hui à tel endroit.

C’est aussi le recueil d’une époque, ces gens d’une campagne assez loin de la ville, qui ont vécu simplement pour la plupart, qui ne savent pas bien répondre quand on leur demande « de quoi êtes vous fiers ? »

Un ouvrage regroupant les textes et les photographies paraîtra à l’automne 2008.

Une série de 16 photographies 40x40 contrecollées sur aluminium destinée à l’exposition est créée en juin 2008 à l’occasion d’une première exposition à la maison de retraite de Chamboulive.


Et demain ?

Nous voudrions ensuite faire circuler l’exposition dans divers lieux en Corrèze. Nous imaginons ce travail en campagne, mais aussi pourquoi en milieu scolaire (collège-lycée) et dans les villes (médiathèques, lieux spécifiques à l’exposition).

Nous prendrions en charge le montage de l’exposition, proposerons à chaque structure accueillante la possibilité de vendre des livres à coût réduit.




*La Compagnie Chamboulive a également créé un spectacle à partir de photographies données par les personnes vivant dans les communes environnant Chamboulive et Chamboulive.

Une représentation du spectacle dans chaque lieu ou commune où serait présenté l’exposition formerait un tout cohérent sur « les histoires racontées par la photographie » et sur les mémoires qu’elle fabrique.


*Des ateliers photographies peuvent être également proposés dans les écoles, avec pour point de départ l’exposition. On peut également envisager des visites guidées.

*Ou encore réaliser un vrai travail inter-générationnel en faisant travailler des enfants à partir des textes des personnes âgées, imaginer des rencontres enfants-personnes âgées autour de l’exposition.


EXTRAITS

Photographies et textes

Lors de l'exposition, sous chaque photographie  se trouve le texte accompagnant l'images (voir rubrique textes)

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